🐓Je Choisis la French Tech : bilan et perspectives !
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🐓 Je Choisis la French Tech : bilan et perspectives !
Lancé en février 2023, le programme Je choisis la French Tech a été imaginé par la Mission French Tech (avec le coup de pouce du gouvernement) pour répondre à un vrai blocage : en France, nos start-up ont souvent du mal à vendre… chez nous ! Notamment quand il s’agit de bosser avec l’État ou des grands groupes.
La raison ? Trop de process, pas assez de visibilité, zéro réflexe "start-up française" côté acheteurs. Résultat : ce sont souvent des boîtes étrangères ou des géants installés qui empoche les contrats.
Bref, le Programme a fait parler de lui à l’occasion de VivaTech 2025. Et chez Mojo, on vous propose de revenir dessus, et de faire un petit bilan, en se basant notamment sur le recap réalisé directement par La French Tech.
💡 D’accord, du coup c’est quoi l’idée ?
C’est simple, c’est tout simplement de créer un réflexe French Tech. Pas de quotas ni de règles imposées, mais juste un engagement volontaire à se poser la question, à chaque fois qu’on achète une techno ou un service :
💭 "Et si une start-up française pouvait faire le job aussi bien (voire mieux) ?"
Ce petit déclic peut changer beaucoup de choses pour tout un écosystème.
Stylé, mais qui joue le jeu ?
L’État et ses amis : plusieurs ministères, la DINUM, la DGFIP, la CNAM… L’objectif c’est que les services publics montrent l’exemple et pensent French Tech first dans leurs appels d’offres.
Des gros acteurs privés. Des grands comptes ont signé une charte pour considérer systématiquement les offres de start-up françaises lors des appels d’offres ou consultations. Les 8 membres fondateurs ne sont rien d’autres que ADP, AXA, BPCE, CMA CGM, EDF, FDJ United, Orange et SNCF. Ces acteurs se sont engagés à favoriser des associations avec des pépites françaises.
L’écosystème tech : des associations comme France Digitale, Numeum ou la French Tech Grand Paris sont là pour faire remonter les galères terrain et repérer les pépites françaises prêtes à répondre aux besoins des acheteurs.
Je choisis la French Tech, c’est une superbe initiative. Pas d’obligation hein ! Mais c’est le moyen de donner sa chance a une start-up française. Et c’est aussi le moyen de soutenir l’innovation de notre pays, de créer de l’emploi, de dynamiser notre économie, et parfois… faire de meilleures affaires. Alors autant y penser, non ?
🔙 Concrètement, on en est où depuis 2023 ?
Deux ans après son lancement à VivaTech 2023, le programme « Je choisis la French Tech » s’affirme comme une initiative structurante pour accélérer la croissance des start-up françaises et renforcer leur intégration dans les chaînes de valeur économiques. Conçu dans un contexte de repli du financement privé, il a cherché à mobiliser la commande publique et les grands acheteurs privés comme nouveaux leviers de développement pour les jeunes entreprises innovantes. Une promesse ambitieuse mais nécessaire dans l’écosystème tech français !
Côté money, on a clairement progressé ! 💰
Le programme est passé d’un objectif initial de 685 millions d’euros d’achats fléchés d’ici 2017 à 1 milliard d’euros engagés entre 2024 et 2026, grâce à la mobilisation des huit groupes fondateurs et partenaires stratégiques dont on a parlé un peu avant (et de deux nouveaux dont on vous parle bientôt). Cette progression de +46 % en un an démontre l’adhésion croissante du tissu économique à l’objectif de souveraineté technologique porté par l’État. Mais c’est pas tout, ces grands groupes sont accompagnés de +500 entreprises mobilisées dans le programme.
Côté partenariats, on avance ! 🤝
Depuis 2023, plus de 12 000 mises en relation commerciales qualifiées ont été réalisées entre start-up, acteurs publics et grands groupes, selon les données de la Mission French Tech. Cette dynamique est soutenue par un maillage territorial fin via les Capitales et Communautés French Tech, qui organisent régulièrement des événements locaux.
Parmi les plus notables :
Business Connect Bordeaux (octobre 2024) a généré plusieurs centaines de rendez-vous qualifiés ;
Smart Tech Forum organisé par l’UGAP (novembre 2024) a réuni 35 start-up et 200 acheteurs publics ;
Les Journées des achats responsables du ministère des Armées ont mobilisé 40 start-up et 100 acheteurs publics.
Ces événements témoignent d’une réelle volonté de structurer les rencontres, au-delà des salons nationaux, pour créer de véritables opportunités commerciales sur le terrain.
Côté formation et accompagnement, des initiatives ont été lancées et des outils créés! 🤖
Le programme ne se limite pas à l’animation de rencontres. Il a aussi permis la création d’outils innovants pour structurer la transformation des pratiques d’achat :
La French Tech Académie, formation gratuite en ligne sur OpenClassrooms, a déjà accompagné plus de 1 500 start-up pour les aider à se former à la commande publique. Elle mobilise plus de 40 experts issus de l’administration (DAE, DAJ, UGAP…) et des collectivités.
Le programme DAPI (Directions Achats Pour l’Innovation), piloté par Bpifrance Le Hub, accompagne les grands groupes dans l’adaptation de leurs pratiques d’achat. Il compte déjà deux promotions, regroupant des acteurs comme Airbus, RATP, La Poste, Renault, Schneider Electric ou FDJ United.
Ces dispositifs répondent à une réalité observée par le Baromètre 2024 du Médiateur des entreprises : 66 % des start-up rencontrent des difficultés à accéder aux acheteurs privés, et 63 % au secteur public, ce qui freine fortement leur développement commercial.
Et du coup, quels secteurs ont été impactés ? 👨💻
Le programme a bénéficié à des start-up de tous horizons, avec une représentation notable dans les domaines suivants :
Intelligence artificielle : Mistral AI, à travers un contrat stratégique de 100 M€ avec CMA CGM;
Cybersécurité : Sekoia, partenaire d'Orange;
Transition écologique : Sweep, retenue pour le reporting environnemental;
Mobilités : GoJob, impliqué dans le recrutement intérimaire avec Geodis (SNCF);
Construction & data : Woodoo, fournisseur de Bouygues Construction pour les data centers en bois technologique.
Ces projets démontrent que l’objectif du programme n’est pas uniquement quantitatif mais aussi qualitatif, en contribuant à faire émerger une nouvelle génération de champions technologiques français.
☀️ Ok, on est en 2025 Mojo. Rien de nouveau sous le soleil ?
L’édition 2025 du salon VivaTech a marqué un tournant stratégique pour le programme « Je choisis la French Tech », tant par la confirmation des engagements passés que par le lancement de nouveaux outils de pilotage. Deux ans après son lancement officiel, cette initiative s’est imposée comme un levier central de la politique industrielle française tournée vers l’innovation souveraine.
Des engagements renouvelés et étendus 💵
L’annonce phare de VivaTech 2025 est la reconduction des huit groupes fondateurs rejoints cette année par deux nouveaux signataires majeurs : Capgemini et Sopra Steria. Leur entrée dans le programme symbolise une volonté plus large du secteur numérique et des services technologiques de s’impliquer dans la structuration d’un écosystème local fort et compétitif.
Avec cet élargissement, on en a parlé plus haut, mais les partenaires s’engagent à mobiliser collectivement 1 milliard d’euros d’achats à destination des start-up françaises entre 2024 et 2026. Cet engagement se veut un signal fort, non seulement sur l’envergure financière, mais aussi sur la volonté de pérenniser les liens commerciaux entre grands groupes et jeunes pousses.
Des coopérations concrètes mises en lumière 👊
À VivaTech, plusieurs cas d’usage et partenariats exemplaires ont été mis en avant pour illustrer la transformation à l’œuvre. On en a parlé un peu plus haut, mais il y a Mistral AI et son partenariat avec CMA CGM, GoJob avec SNCF ou encore Woodoo avec Bouygues Construction.
On peut aussi citer :
DePlano soutient les clients de la BRED (groupe BPCE) avec des services juridiques personnalisés;
Mistertemp travaille avec La Poste sur le recrutement temporaire.
Ces exemples incarnent clairement une logique de « preuve par l’usage » que VivaTech cherche à valoriser depuis plusieurs éditions, dans un souci de crédibilité et d’exemplarité. On était agréablement surpris chez Mojo par tout ce dynamisme !
Lancement de l’Observatoire des Achats Innovants 🔭
Autre moment fort de cette édition : l’annonce de la création prochaine de l’Observatoire des Achats Innovants, en réponse à un besoin croissant de pilotage, d’évaluation et de transparence.
Mais Mojo, ça permet quoi concrètement cet observatoire ? Tout simplement :
de quantifier les engagements réels vs. les annonces initiales;
de suivre l’évolution des volumes d’achats vers les start-up par secteur, par typologie d’acheteur ou par territoire;
d’identifier les freins ou leviers au déploiement des solutions innovantes;
et, à terme, de contribuer à la structuration d’indicateurs d’impact, économiques, sociaux ou environnementaux.
Cette initiative vise à institutionnaliser la mesure de l’effort collectif, dans un contexte où les entreprises et les administrations cherchent à justifier leurs choix technologiques sur des bases objectives. L’Observatoire devrait aussi contribuer à renforcer la légitimité des investissements publics et privés dans l’innovation française, en fournissant des données exploitables pour les décideurs comme pour les start-up elles-mêmes.
🤔 Mojo, c’est bien beau tout ça. Mais c’est pas un peu bullshit ?
Malgré les avancées significatives du programme « Je choisis la French Tech », plusieurs limites ont été identifiées tant par les acteurs de terrain que par les observateurs de l’écosystème. Bah oui, c’est pas toujours 100% positif dans la vie, et faut pas non plus être trop naïf. Alors attention, la dynamique est bien réelle, mais elle fait forcément face à des fragilités systémiques et de risques réputationnels, notamment liés à la mise en œuvre concrète des engagements.
Quels freins pour les startups ? 🛑
Le Baromètre 2024 de l’Observatoire des relations entre start-up et grands comptes met en lumière des freins persistants à l’accès aux marchés pour les jeunes entreprises :
66 % des start-up déclarent rencontrer des difficultés à établir des liens avec des clients privés;
63 % peinent à accéder au secteur public, pourtant largement mobilisé dans le cadre du programme.
Ces chiffres illustrent une asymétrie de maturité entre l’offre innovante des start-up et les exigences des grands acheteurs, souvent peu outillés pour expérimenter rapidement ou contractualiser avec des acteurs non référencés. Cela suggère que malgré la bonne volonté, le changement culturel dans les pratiques d’achat reste lent.
Quelle mesure de l’impact ? 💥
Un des points critiques soulevés par les experts est l’absence, jusqu’à présent, d’un suivi transparent et consolidé des résultats effectifs. Les engagements d’achat (comme le milliard d’euros annoncé) sont en grande partie déclaratifs et ne donnent pas toujours lieu à des indicateurs précis de mise en œuvre : volumes réalisés, typologie des contrats, durée, satisfaction client, etc.
C’est dans cette optique que l’annonce de la création d’un Observatoire des Achats Innovants à VivaTech 2025 est particulièrement attendue. Toutefois, sa crédibilité dépendra :
de la nature des données collectées (données brutes vs. auto-déclarations);
de la fréquence des publications et du niveau de granularité;
et surtout de l’indépendance du dispositif de suivi, condition essentielle pour éviter le soupçon de « reporting de convenance ».
Sans indicateurs d’impact rigoureux, le programme reste exposé à une critique récurrente : celle de l’effet vitrine.
Et si c’était pas juste de la com ? 🗞️
Plusieurs critiques, notamment dans la presse spécialisée, pointent un risque de décalage entre communication politique et résultats opérationnels. L’adhésion à un programme aussi visible que « Je choisis la French Tech » peut parfois relever d’une logique d’image plutôt que d’une transformation réelle des processus internes… Donc en gros, on parle on parle, mais on agit pas vraiment derrière quoi…
Certaines directions achats continuent à privilégier des acteurs établis à l’international ou à pratiquer une innovation « périphérique », sans modifier en profondeur leurs pratiques de sourcing. D’autres s’impliquent sur des périmètres très restreints, concentrés sur l’open innovation ou des « proof of concept » sans industrialisation. Ce type de stratégie peut nourrir un scepticisme grandissant, en particulier parmi les start-up qui peinent à convertir les premiers contacts en contrats durables.
Bon, et est-ce que ce programme il n’est pas destiné qu’aux startups déjà bien connues ? ⭐
Enfin, plusieurs acteurs du numérique soulignent le risque d’élitisation du programme. Les start-up les plus médiatisées ou issues des grandes métropoles semblent capter l’essentiel de la visibilité et des opportunités. Les jeunes pousses issues de territoires moins connectés, ou positionnées sur des segments techniques de niche, peinent à tirer profit du dispositif, faute de réseau ou de référent local proactif.
Pour que le programme tienne ses promesses de transformation systémique, il devra relever le défi de l’inclusivité territoriale et sectorielle, en multipliant les passerelles vers les TPE/PME innovantes hors des radars habituels.
🔜 Merci Mojo, maintenant, c’est quoi la suite pour Je choisis la French Tech ?
Déjà, l’initiative est top ! Mais y’a encore du boulot… ⚒️
Alors on va pas mal résumer tout ce qu’on a déjà dit, mais d’abord, commençons par souligner quand même les :
12 000 mises en relation commerciales qualifiées facilitées par le programme en deux ans
600 entreprises françaises engagées
Et on l’a dit, mais on ne va pas se mentir, faire bouger les lignes côté achats publics ou grands groupes, c’est un long chemin. Comme on dit : ce n’est pas un sprint, c’est un marathon. Parce que oui, les startups et les grands groupes / pouvoirs publics ne vont pas du tout à la même vitesse.
Il y a notamment quelques difficultés qui méritent d’être bien connues pour les adresser :
Les appels d’offres sont encore trop souvent adaptés pour les gros acteurs – pas pour des start-up agiles qui bougent vite.
Beaucoup de décideurs ne savent même pas que des alternatives françaises existent. Et quand ils le savent, ils ne savent pas où les trouver.
Et puis faut avouer : c’est plus facile de faire appel à un acteur "connu", même si ce n’est pas le plus innovant.
Alors, c’est quoi le plan pour la suite ? 🧐
Cap sur 2027 ! 🔭
D’ici là, l’ambition est claire : que Je choisis la French Tech ne soit plus un simple "programme", mais un vrai réflexe à tous les étages, dans les ministères, les collectivités, les grands groupes… et pourquoi pas même les citoyens !
Donc quand une boîte publique, une mairie ou une DSI cherche une solution numérique, elle doit se demander d’abord : « Est-ce qu’une start-up française peut répondre ? »
Et si oui, go.
Mais ce n’est pas qu’une histoire de marché. C’est aussi une histoire de souveraineté numérique.
Moins on dépend de géants étrangers pour nos données, nos logiciels ou nos infrastructures, plus on garde la main.
Et plus on soutient nos start-up, plus elles ont de chances de devenir les prochains champions de leur secteur.
Et après la French Tech… l’Europe ? 🇪🇺
C’est justement ce qu’a soufflé Clara Chappaz, ministre déléguée à l’IA et au Numérique, aux oreilles de Maddyness :
“En 2025, l’État sera exemplaire dans ses achats technologiques, et je veux que nous franchissions une nouvelle étape : penser en Européens. Le cap est clair : passer de “Je choisis la French Tech” à “Je choisis la tech européenne”, sans jamais renoncer à nos champions nationaux.”
L’idée ? Créer un réflexe encore plus grand, plus ambitieux, plus solidaire. Un grand marché européen de la tech, où chaque pays soutient ses start-up et celles des voisins.
Pas question de couper la musique de la French Tech hein ! On veut juste élargir la scène… et inviter d’autres talents à jouer avec nous.
Bref, chez Mojo, on a essayé de tout vous exposer: ce qu’est le programme, ce qu’il a donné, tout en gardant en tête les limites. Pour nous, il y a encore pas mal de choses à faire, mais le train est en marche, et espérons que ça continue à aller dans le bon sens. On en reparle à VivaTech 2026 ?
Merci d’avoir lu cette newsletter jusqu’au bout ! ❤️
Si elle t’a donné le Mojo, partage là autour de toi 🔄